© Jean Louis CHATELAIN - Musée de Shinsheim, Allemagne - 2 mars 2019
     
   
L’APCOS ayant été sollicitée par le musée de Sinsheim pour une participation aux célébrations du cinquantenaire du premier vol du Concorde, Pierre Grange a bien voulu me confier cette représentation et je m’en suis trouvé très honoré.
Je n’étais pas vraiment un usurpateur, ayant moi-même, en tant que Commandant de bord, convoyé ce Concorde FB, aujourd’hui en exposition au musée, vers l’aéroport de Karlsruhe / Baden Air Park le 24 Juin 2003.
Le musée de Sinsheim est un musée atypique. Il rassemble des pièces exceptionnelles dans des domaines variés : Aviation, mais aussi automobile (plus grande collection de Bugatti d’Allemagne), chemins de fer, espace (navette Buran)…
Pour nous aviateurs, le musée a réussi la gageure de réunir les deux seuls transports supersoniques de l’époque : Concorde et TU-144. Ils se trouvent l’un à côté de l’autre.

Le musée se trouve au sud d’Heidelberg, au nord de Stuttgart.
     
   
     
   
Dans une logique de communication et de spectacle, le FB a alors été transporté sur une barge sur le Rhin (ceci n’était pas nécessaire, je l’ai appris de la bouche du président du musée !), puis a connu une fin de voyage, de nuit, en camion, sur l’autoroute qui avait alors été fermée pour la circonstance.
     
   
     
   
Ce vendredi 1er mars dernier, j’ai donc pris la route depuis mon alpage de La Clusaz vers Sinsheim.

J’y suis arrivé en fin d’après-midi et fut invité à dîner par Mr Hermann Layher, président du musée, à l’hôtel Sinsheim, qui jouxte le musée (excellent restaurant Italien !). Il était accompagné de sa famille et de quelques techniciens du musée.

Le dîner fut très chaleureux, et Mr Layher, personnage atypique et forte personnalité, m’a conté les nombreuses et véritables aventures ayant permis au musée d’obtenir des pièces aussi prestigieuses que le Concorde, le Tupolev 144, et la navette spatiale Russe Buran !

Je l’ai remercié pour ce dîner en lui offrant ma cravate Concorde (la blanche !) qu’il fut ravi d’accepter.
   
    Avec le président Layher
     
   
La matinée du Samedi fut consacrée principalement à une interview par la télévision régionale SWR.
   
   
C’est ainsi que je me suis retrouvé sous «mon» Concorde F-BVFB, sur le toit du musée.
     
   
     
    Le journaliste me demandant à brûle pourpoint mon ressenti, je l’ai résumé en un mot :
    Incrédulité !
   
Comment croire, me trouvant sous cet avion de 70 mètres de long, qui pesait 185 tonnes au décollage, que ce fut réel, que nous ayons pu voler à 600 métres par seconde (6 stades de football par seconde !!!) et pendant plus de 25 ans !

Tout ceci n’existe plus, et mes souvenirs sont comme un rêve éveillé, comme si ce fut du cinéma…
     
   
    Le FB est installé sur le toit du musée, derrière le Tu-144. La vision est totalement saisissante !
     
   
Il y eut une immanquable interview filmée au cockpit. Le journaliste me demandant de lui dire un seul mot en Allemand (et oui, je suis d’une génération qui apprenait l’Allemand à l’école) pour évoquer le Concorde, c’est assez spontanément que je lui dis :
Geschwindigkeit…
(Vitesse).
En fait il manquait cet autre mot Allemand, tout aussi évocateur :
Schönheit… (Beauté)
C’est sur ce thème que j’ai construit ma petite conférence, qui s’adressait au grand public. En fait j’avais retenu trois mots : Beauté, Vitesse et Sophistication.
C’est ainsi que je me suis retrouvé en début d’après-midi dans l’amphithéâtre IMAX du musée.

Il contient 325 sièges et j’ai pu « jouer » à guichet fermé !
     
   
     
   
L’IMAX bénéficie d’un écran de 26 m de large, d’une qualité exceptionnelle, et d’une sono extrêmement puissante et «enveloppante».
     
   
Après un bref rappel de l’histoire de l’aéronautique, pour faire ressortir que le concept de transport supersonique n’avait mis que 50 ans à mûrir depuis les débuts réels de l’aviation, aux environs de 1908, j’ai tout aussi brièvement situé Concorde en quelques dates, sans oublier de rendre hommage à l’équipage du premier vol.
   
   
   
C’est ensuite que j’ai habillé Concorde, par le son et par l’image, autour de ces trois mots :
    Beauté , Vitesse, Sophistication…
   
J’ai montré en particulier une vidéo prise par mes soins lors d’un entraînement à Châteauroux, avant la reprise des vols. L’image est saisissante car Concorde entre dans un effet de mirage, comme s’il repliait ses ailes, et il en sort à la rotation comme s’il les déployait. Cette vidéo fait voir aussi les différentes perspectives de l’avion selon l’angle sous lequel on le regardait. La séquence photo suivante est extraite de cette vidéo.
     
   
     
   
Pour la vitesse, j’ai évidemment parlé du décollage à 400 km/h, digne d’un avion de chasse, de ce que représentait Mach 2 (les 6 stades de foot à la seconde)… Et j’ai parlé du bang sonique en montrant la vidéo « Tesgo » et faisant retentir son double bang. Croyez-moi, dans l’amphithéâtre Imax, ça détone !!!
     
   
     
   
Sur demande, je me suis prêté à évoquer un possible futur supersonique, en rappelant que Concorde « l’avait fait » il y a 50 ans, et j’ai fait part de mon sentiment que Concorde resterait à tout jamais unique et incomparable.

   
Je me suis taillé un petit succès à partir d’anecdotes vécues :

▪ Le dépassement d’Air Force One avec Georges W Bush à bord (dépassement au large de Boston, mes passagers Américains étaient posés à Paris qu’il était encore au milieu de l’Atlantique)

▪ Mon aller retour dans la même journée du 20 février 2003 (départ en passager à 10 :30, retour en fonction et arrêt des moteurs à 19:59)

▪ Le rapport aux passagers, le rapport interne à l’équipage, complice, festif et chaleureux etc.
 
     
   
Enfin, sur la demande du musée, j’ai raconté le vol de convoyage de l’avion vers Baden Air Park, les émotions partagées avec les mécanos (qui ont paraphé le train avant), mon arrivée en Concorde et mon retour à la maison en Renault Kangoo !!!... Ci-dessous quelques photos souvenirs :
     
   
     
   
Après les discours dans le hangar de Baden Air Park nous avions filé vers le musée, juste avant sa fermeture, pour prendre une photo au cockpit du TU-144 à l’identique de celle que nous avions prise après la dernière check-list au cockpit de Concorde.
     
   
     
   
Le reste de cet après-midi de commémorations fut passé dans l’espace Concorde du musée, qui me gratifie d’une immense photo me montrant saluant des deux bras lors de l’arrivée à Baden, buste en dehors du cockpit ! Le musée m’a demandé de mettre un autographe sur cette même photo (j’ai slalomé au milieu des Bugatti !), et je me suis prêté à une interminable séance d’autographes et de selfies avec les participants à ces commémorations. Je me suis finalement débarrassé de ma deuxième cravate Concorde, offerte à un jeune pilote Allemand qui n’en revenait pas…
     
   
     
   
Chers amis Apcosiens, j’ai fait de mon mieux pour vous représenter honorablement et contribuer à ce que dure le mythe Concorde… Pour toujours.

Bien amicalement
Jean-Louis
     
 
   
 
     
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